L’île noire (1938)

  La couverture, fort jolie, annonce déjà le côté mystérieux de la dernière partie du récit, dans laquelle Hergé se fait plaisir en ayant recours au vieux procédé de la légende mentionnant un fantôme qui effraie tout le monde dans les environs. L’ambiance de la fin de l’album est très réussie.

  « L’île noire » est un récit policier de bout en bout, puisque même la partie de l’intrigue annoncée comme fantastique trouve une explication rationnelle. Tintin se retrouve à la poursuite de faux-monnayeurs, une bande dangereuse dans laquelle on découvre l’un des grands méchants de la saga : le docteur Müller. Les Dupondt, fidèles à eux-mêmes, poursuivent Tintin, toujours avec l’intention de l’arrêter. Il y a d’ailleurs pas mal de poursuites dans cet album, mais le tout ponctué par des énigmes, comme ce message sur le papier, que notre ami reporter doit décoder. Cela donne l’impression d’avoir quelque chose de beaucoup plus travaillé en terme d’écriture. Il faut d’ailleurs noter que « L’île noire » est certainement, avec « Tintin au pays de l’or noir », le récit qui a connu le plus d’évolution au fil des ans. Plusieurs versions existent, et certaines éditions permettent d’ailleurs de comparer les différents résultats.

  L’album bénéficie, dans sa version couleurs actuelle, de dessins riches évoquant les derniers épisodes de la série. Du coup, d'un point de vue esthétique, « L’île noire » ne dépareille pas à côté des aventures visuellement les plus abouties mais, lors d’une lecture chronologique de la saga (ce que je suis en train de faire), il dénote évidemment, entre « L’oreille cassée » et « Le sceptre d’Ottokar », deux histoires dont le graphisme est clairement plus daté.

© Hergé/Moulinsart