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30 août 2015 7 30 /08 /août /2015 11:38

  Histoire de se détendre avec la rentrée qui se profile, rien de tel qu’une petite séance ciné. Étant amateur de la série des « Mission : Impossible » avec le comédien Tom Cruise (en 1996, je découvrais le premier opus en salle, réalisé par le grand Brian De Palma), j’avais raté sur grand écran le quatrième volet qui maintenait la série à un très bon niveau dans le genre action / espionnage.

  Avec ce nouveau film, « Mission : Impossible – Rogue Nation », on a droit à plusieurs scènes particulièrement réussies : celle qui se déroule à l’opéra, par exemple, est un modèle du genre (on penserait presque à Hitchcock en terme d’ambiance et de suspense). Tom Cruise, très énergique malgré les années qui passent, assure toujours aux côtés des autres comédiens. On assiste à des scènes d’action très lisibles, une intrigue bien menée (peut-être une petite baisse de régime dans la dernière demi-heure) et un soupçon d’humour en prime. Quant à la présence de la splendide comédienne Rebecca Ferguson, que dire sinon qu'elle ajoute à elle seule un piment non négligeable à l'ensemble !

  Il faut bien sûr accepter les partis pris parfois énormes du scénario mais avec ce genre de films, on sait à quoi s’attendre et on l’accepte (amateurs d’Ingmar Bergman ou Eric Rohmer, passez votre chemin !).

  À l’heure où on nous bombarde des dizaines de films d’action par an, dont beaucoup se révèlent insipides (ils ont même réussi à flinguer LA série emblématique du genre, les « Die Hard » avec Bruce Willis – dispensez-vous du cinquième volet, franchement mauvais), les « Mission : Impossible » et les derniers James Bond avec Daniel Craig s’avèrent être les deux sagas les plus excitantes du moment. À mes yeux, en tout cas.

  Ça tombe bien : Tom Cruise est déjà partant pour un sixième opus et un nouveau Bond arrive en fin d’année…    

M : I 5
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17 mai 2015 7 17 /05 /mai /2015 09:46

  Cela faisait quelques années que je n'avais pas pris un tel pied dans une salle de cinéma. "Mad Max : Fury Road", 4e opus d'une saga laissée en sommeil pendant 30 ans, vient de débouler sur les écrans.

  Difficile de retranscrire avec des mots toutes les sensations qui se bousculent devant un tel spectacle : voilà un film qui donne tout son sens à ce qu'est Le Cinéma. Signant un long-métrage ultra-spectaculaire, le réalisateur George Miller n'en oublie pas d'être créatif : prêtez attention aux décors, aux costumes et jusqu'à la multitude de véhicules qui apparaissent... c'est bourré d'idées à tous les niveaux. Les scènes, toutes plus anthologiques les unes que les autres, sont photographiées avec un sens de l'esthétique certain : je revois les images de la tempête en plein désert... P.... que c'est beau !

  Quant à l'action, accompagnée d'une violence dénuée de la moindre complaisance, elle est gérée à travers une mise en scène lisible où l'œil arrive à suivre ce qui se passe là où tant de machins essaient à l'heure actuelle de nous faire croire que ça bouge en enchaînant des plans d'une demi-seconde qui font plutôt gerber que triper...

  Bref, "Mad Max : Fury Road" est un grand spectacle, on en prend plein les yeux, ça regonfle à bloc, ça donnerait même envie de se recoller derrière une caméra...

 

Mad Max : ça décrasse !
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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 17:22
"SUPERVIXENS" : L’AUTRE SALLE DE BAIN MORTELLE

  Tout le monde a en tête la scène de la douche dans le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, « Psychose ». Si l’on parcourt le cinéma indépendant américain des années 70, on tombe sur l’un des derniers films réalisés par Russ Meyer en 1975, « SuperVixens ». Celui-ci offre une version alternative de ce qui peut se passer lorsqu’on décide de tuer une femme dans une baignoire. Mais le traitement de la séquence est assez différent de celui du grand Alfred.

  Russ Meyer, surtout connu des cinéphiles acharnés – ses films ne sont pas énormément diffusés –, s’est fait le spécialiste des comédies érotiques déjantées. Certaines de ses œuvres, peuplées de jolies filles aux poitrines opulentes, sont de véritables hommages à la BD et au dessin animé.

  Avec « SuperVixens », nous sommes en pleine histoire traitée façon Tex Avery. Dans la scène qui nous intéresse, un homme, Harry Sledge, excédé par la jeune femme qu’il a en face de lui, va se défouler sur elle jusqu’à la tuer (pour l’anecdote, l’acteur jouant le meurtrier est Charles Napier, que l’on retrouvera des années plus tard dans le film « Le silence des agneaux », mis à mort à son tour de façon très violente, victime du cannibale Hannibal Lecter).

  La jeune femme est quant à elle interprétée par une comédienne dont on ne sait pas grand-chose et qui ne tourna dans toute sa vie que deux longs-métrages : Shari Eubank.

 

  Tout commence dans le salon de Super Angel (c’est le nom du personnage féminin !) : après une scène où l’on sent la tension monter progressivement, Harry frappe Super Angel. Choquée, cette dernière va se réfugier dans la salle de bain dont elle verrouille la porte. Harry aura toutes les peines du monde à la défoncer (on pense à « The Shining » de Kubrick, à ceci près que ce dernier n’était pas sorti à l’époque !).

  Laissant son couteau planté dans la porte, Harry parvient enfin à la dégonder. Elle vient alors s’écraser sur Super Angel, lui plongeant par la même occasion l’arme dans la poitrine.

  Blessée, la jeune femme n’a plus la force de se défendre et est entraînée dans la baignoire par son bourreau, qui va s’acharner sur elle en l’écrasant à coups de pied. Il saute dessus sauvagement à plusieurs reprises, pesant de tout son poids sur le corps de sa victime.

  Là où Hitchcock laissait le sang s’échapper par la bonde de la baignoire, Russ Meyer nous montre l’eau stagnante autour du corps ayant viré au rouge.

  Dernier acte : Super Angel se redresse péniblement, ensanglantée (là encore, l’ombre du Maître du suspense plane sur la scène : on ne peut s’empêcher de comparer ce passage à la posture de Janet Leigh dans « Psychose », tandis qu’elle glisse lentement dans la baignoire, se figeant un instant avant de s’effondrer totalement).

  Harry, quant à lui, s’approche de la radio branchée sur secteur. Visiblement décidé à aller jusqu’au bout, il revient vers la baignoire et jette le poste dans l’eau, électrocutant ainsi la jeune femme, la tuant une bonne fois pour toutes.

  Il est regrettable de ne pouvoir profiter du film de Russ Meyer grâce à un support décent en France : le DVD disponible est en effet lamentable techniquement parlant, tant au niveau du son que de l’image. Il faut donc accepter de visionner le long-métrage dans des conditions très médiocres.

  Cela n’empêche cependant pas de se rendre compte à quel point cette scène de mise à mort est extrême : tout d’abord, entre le premier coup que reçoit Super Angel et son électrocution, il s’écoule de longues minutes, Meyer dosant savamment son suspense. De plus, le ton de la séquence devient par moments tellement léger – on flirte à plusieurs reprises avec le vaudeville – que l’on a du mal à imaginer le cinéaste allant jusqu’à faire mourir la jeune femme.

  Si l’on met à part le cinéma d’horreur, genre où beaucoup de choses sont permises, il est assez rare de voir autant de violence exercée sur un personnage féminin (quelques exemples existent pourtant, de « True Romance » du regretté Tony Scott – dans lequel la très jolie Patricia Arquette est complètement défigurée par les coups qu’elle reçoit – au très discutable « Irréversible » de Gaspar Noé où Monica Bellucci est violée puis frappée à coups de poings et de pieds, finissant dans un état lamentable).

  Ce qui permet d’accepter la scène dans « SuperVixens », c’est que nous sommes, à l’instar des films de Quentin Tarantino, dans un monde décalé où l’humour est souvent présent et où le côté « énorme » des situations permet de prendre du recul par rapport aux images.

  Si le film de Russ Meyer n’est pas un chef-d’œuvre du 7e Art, c’est incontestablement une curiosité cinématographique qui contient quelques scènes franchement gonflées (dans tous les sens du terme !) qui valent le détour.

 

D.V.

Article initialement publié en octobre 2013 dans le Mook de l'association Travelling
Article initialement publié en octobre 2013 dans le Mook de l'association Travelling
Article initialement publié en octobre 2013 dans le Mook de l'association Travelling

Article initialement publié en octobre 2013 dans le Mook de l'association Travelling

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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 11:06
"MUNICH" ou l’étrange scène du réalisateur Spielberg

  De nombreuses séquences de films ont tourné dans ma tête pour aborder Une scène érotique au cinéma : des ambiances feutrées et sublimes de « Eyes Wide Shut » de Stanley Kubrick en passant par la fameuse scène signée David Lynch dans « Mulholland Drive », avec les superbes Naomi Watts (la blonde) et Laura Elena Harring (la brune) – qui a émoustillé plus d’un spectateur ! On pourrait citer encore toutes les apparitions de Marilyn Monroe dans « Niagara », chargées à chaque fois d’une sensualité folle. « Le mari de la coiffeuse » de Patrice Leconte est un autre bel exemple, sobre, du traitement de l’érotisme au cinéma. Mais dans ce dernier cas, il faudrait évoquer l’ensemble du film et non un passage.

  Après réflexion, c’est finalement dans la filmographie de Steven Spielberg que je suis allé piocher quelque chose d’insolite pour traiter d’une scène érotique. Ce n’est pas un érotisme au sens premier du terme dont il est d’ailleurs question, je voudrais insister sur son caractère étrange et inattendu, à plus d’un titre.

  Réalisateur de 28 longs-métrages à ce jour, Spielberg n’a jamais abordé la nudité de front. Si l’on excepte une baigneuse au début des « Dents de la mer », dont on distingue à peine l’anatomie puisqu’il fait nuit, le cinéaste n’a jamais pris la peine de déshabiller ses personnages.

  Chez Spielberg, on ne fait pas l’amour. Tout au plus s’embrasse-t-on, parfois avec fougue. Comme quoi on peut bâtir une carrière passionnante en laissant totalement de côté l’érotisme, pourtant devenu monnaie courante au cinéma.

  « Munich », sorti en 2005, fait curieusement exception à la règle. Pour commencer, vu le sujet du film, on n’aurait pas forcément imaginé y voir une femme nue. Rappelons que Spielberg s’attache dans ce long-métrage à retracer les événements qui ont découlé de la prise d’otages (et de la mort) d’athlètes israéliens, au moment des Jeux Olympiques de 1972, à Munich. Le tout orchestré par l’organisation terroriste palestinienne Septembre Noir. Le Mossad a ensuite organisé des représailles en traquant les responsables du massacre. C’est cette dernière partie que traite le film.

  Or, dans le déroulement des événements intervient une femme, fort séduisante – interprétée par Marie-Josée Croze, ceci expliquant cela – qui charme l’un des hommes de l’équipe du Mossad et l’assassine.

  Les compagnons du défunt vont le venger en retrouvant la tueuse et en l’abattant froidement : lorsqu’ils arrivent chez elle, la femme est vêtue d’un peignoir léger et va tenter de les amadouer en dévoilant sa poitrine (vaine scène de séduction, en décalage avec la situation, tout comme la séquence qui se révèle franchement à part dans le film).

  Munis de sarbacanes lâchant des projectiles meurtriers, les hommes tirent sur elle à plusieurs reprises.

  La mise à mort de ce personnage mystérieux a quelque chose de froid : cette incursion dans la nudité féminine ne s’arrête d’ailleurs pas là. Lorsque les hommes l’achèvent, Marie-Josée Croze finit dans un fauteuil, entièrement nue, le peignoir ouvert. La jeune femme s’étouffe avec son propre sang avant d’être abattue d’un dernier projectile dans la tête. Lorsque nous avons un plan plus large qui nous montre la comédienne, le sang s’échappant de ses blessures a déjà recouvert une partie de son corps. Comme si le cinéaste s’était empressé de dissimuler ce qu’il ne nous avait encore jamais dévoilé franchement dans l’un de ses films (même les meurtriers de la jeune femme ne sont pas d’accord sur le fait de laisser ou non le corps exposé aux regards).

  « Munich » nous propose donc la seule « vraie » scène déshabillée du cinéma spielbergien, scène mêlant Eros et Thanatos, comme cela arrive souvent dans les tragédies, mais le tout servi ici de façon insolite. Car malgré la nudité et le physique particulièrement agréable de la comédienne, on ne ressort pas spécialement excité de cette séquence. C’est plutôt un malaise qui s’est installé chez le spectateur.

  Ajoutons d’ailleurs que c’est dans ce même film que Spielberg nous montre un couple en train de faire l’amour au lit, dans deux scènes distinctes. Mais contrairement à la séquence précédemment décortiquée, aucun des deux protagonistes ne se retrouve nu devant la caméra (en tout cas, de manière aussi frontale). Il faut cependant noter une chose : si ces scènes sont en soi très classiques dans le cinéma en général, elles revêtent un caractère exceptionnel dans l’œuvre de Steven Spielberg (le montage de la seconde séquence au lit n’a d’ailleurs rien de traditionnel – je vous laisse juger par vous-même).

 

D. V.

Article initialement publié en octobre 2013 dans le Mook de l'association TravellingArticle initialement publié en octobre 2013 dans le Mook de l'association Travelling

Article initialement publié en octobre 2013 dans le Mook de l'association Travelling

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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 19:48
"SUSPIRIA" : Dario Argento, Architecte de la Mort

  Peu d’œuvres cinématographiques débutent avec une séquence qui se révèle être l’une des scènes les plus puissantes de tout le film. C’est pourtant le cas de « Suspiria », conte fantastique orchestré par le cinéaste italien Dario Argento en 1977.

  Il faut resituer le contexte : au moment de la sortie de ce film, personne n’était préparé au spectacle qu’il offrait. Argento, en digne héritier de l’immense Mario Bava, avait signé, depuis le début de sa carrière, une poignée de longs-métrages appartenant au genre qui m’est si cher, le giallo. Les règles et codes de ce dernier, fixés essentiellement par Bava et repris par quelques autres, vont être bousculés par Argento qui, s’il est assez respectueux avec ses premiers essais (« L’oiseau au plumage de cristal » et « Le chat à neuf queues », pour n’en citer que deux), signe en 1975 un film transgressif à plus d’un titre, « Les frissons de l’angoisse », sommet ‘giallesque’ assez difficilement dépassable. Dans les mêmes années, le giallo va peu à peu déserter les écrans de cinéma et Argento, probablement conscient de la chose, oriente son film suivant vers une autre voie : le fantastique.

  Mais comme il l’a fait avec « Les frissons de l’angoisse », le réalisateur ne parvient pas à s’enfermer dans les règles du genre et il va signer avec « Suspiria » un OVNI cinématographique, un opéra de la Mort, baroque, d’une incroyable beauté formelle et imprégné d’une violence graphique sidérante.

 

  Dès les premières minutes de film, nous sommes dans le bain : une photographie saturée de couleurs agressives – essentiellement du rouge, annonciateur de la suite –, une héroïne à peine arrivée à l’écran et déjà larguée par ce qui se passe autour d’elle, des images qui ne semblent pas toujours avoir de lien entre elles, une musique dérangeante à souhait… le cinéaste nous prépare pour le grand plongeon.

  Après l’arrivée de Suzy (Jessica Harper) à l’école – elle repart aussi sec, personne ne se décidant à lui ouvrir –, nous assistons à une seconde séquence dans laquelle l’ambiance étrange du film perdure, tandis qu’un double meurtre est perpétré à l’écran. Le criminel, on ne le voit pas, juste des bras velus et une main tenant un couteau.

  A mi-chemin entre les crimes commis dans le giallo (l’arme blanche est l’un des emblèmes du genre) et l’horreur pure, la mise à mort de deux jeunes femmes – premières victimes du film – est d’une violence extrême. Graphiquement, Argento esthétise chaque plan, tout en ayant recours à certains éléments qu’il a fréquemment utilisés dans son œuvre. Le verre, par exemple. Une nouvelle fois, un visage se trouve plaqué contre une vitre de fenêtre et la tête de la victime, ainsi pressée, finit par passer au travers.  

  Mais reprenons la chronologie des événements : le chant de la Mort commence avec deux yeux maléfiques qui apparaissent à l’extérieur, effrayant ainsi l’une des jeunes femmes. Une scène d’attente, jouant ouvertement la carte du suspense, nous a suffisamment mis mal à l’aise pour que le maestro nous assène la suite : nous retrouvons la femme ailleurs (vraisemblablement sur le toit de la grande demeure, étant donné la suite – quant à savoir comment elle est arrivée là, mystère !), en train de se faire poignarder à plusieurs reprises. Son amie, toujours à l’intérieur, hurle, comme si c’était elle que l’on frappait, et nous nous perdons dans la géographie des lieux, ce second personnage se retrouvant désemparé, ouvrant une porte qui donne sur une autre, changeant d’endroit sans crier gare, tambourinant contre une nouvelle porte (les décors et l’image sont particulièrement morcelés tout au long du film par une utilisation récurrente de formes géométriques)…

  Pendant ce temps, la victime poignardée, le cœur littéralement à vif – plan grand-guignolesque par excellence –, est attachée à l’aide d’un câble. Son corps toujours remuant se retrouve sur la verrière située au-dessus du hall de la maison. C’est dans ce même hall que déboule l’amie horrifiée, qui voit la tête de sa camarade passer à travers le verre – encore et toujours !

  Le final est digne des meurtres extrêmement élaborés que l’on peut voir habituellement dans le giallo (oui, « Suspiria » s’en inspire décidément beaucoup !) : la victime fracasse la verrière avec le poids de son corps et se retrouve pendue par le câble enroulé autour de sa taille un instant auparavant. Quant à son amie, elle est également morte, allongée par terre, une plaque de verre lui ayant tranché le visage, et un morceau de métal formant un angle lui ayant transpercé le corps. Cette mise en scène complètement baroque est dévoilée à travers un plan-séquence où la caméra évolue dans le décor, tel un voyeur à l’affût du moindre détail macabre ou sanglant.

"SUSPIRIA" : Dario Argento, Architecte de la Mort

  « Suspiria » s’inscrit dans une trilogie, que Dario Argento ne clôtura que bien des années plus tard, en 2007 pour être précis. Le second film, « Inferno », sorti peu de temps après « Suspiria », renouait avec l’esthétique très personnelle instaurée par le cinéaste dans ce premier volet.

  Aujourd’hui, « Suspiria » est reconnu comme une référence dans le genre fantastique : son originalité n’y est certainement pas pour rien. La narration ne se soucie d’aucune cohérence – il précède même en cela un autre classique du fantastique, sorti trois ans plus tard, « The Shining » de Kubrick – et la mise en scène hyper-stylisée restera l’une des marques de fabrique du cinéaste.

  Tout comme l’architecture complexe des lieux où se déroule le double meurtre, la mise à mort des deux jeunes femmes relève d’une œuvre d’art. Entendez par là qu’Argento ne se contente pas de quelques coups de couteau : lorsque nous découvrons les corps dans le dernier plan de la séquence, nous prenons conscience de tous les éléments qui se trouvent réunis pour déboucher sur cette scène, à la fois dérangeante dans ce qu’elle montre et en même temps faisant preuve d’une esthétique audacieuse, vu le contexte. Le décor fait partie intégrante de la mise à mort, l’architecture de la maison s’étant désagrégée pour prendre une nouvelle forme et ne faire littéralement plus qu’un avec le cadavre allongé sur le sol.

 

                                                                                                                                                                             D. V.

Article initialement publié en octobre 2013 dans le Mook de l'association Travelling

Article initialement publié en octobre 2013 dans le Mook de l'association Travelling

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14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 19:53

  Après un 24 heures écriture-tournage fin août à Tendu, l’association Travelling réunissait à nouveau ses membres le week-end dernier pour deux jours d’entraînement au jeu d’acteurs. Animé par Bertrand Duris (que certains connaissent comme comédien au théâtre et comme Renard Chauve sur la scène musicale), l’atelier s’est avéré passionnant. Pour l’occasion, nous avions loué un gîte près de Cuzion et après une soirée bien arrosée le samedi, nous avons pris nos caméras pour tourner quelques plans en pleine nature, au beau milieu de la nuit, avec des filles volontaires pour se prêter au jeu de nos caprices de cinéphiles. Nous verrons ce que tout cela donne une fois que le montage sera fait. L’expérience, relativement inédite, fut bien sympathique et cela m’a fait du bien de parler cinéma avec les copains comme au bon vieux temps. Paraît-il que nous aurions même cassé la tête aux personnes présentes moins passionnées que nous par le sujet !

  Du coup, la perspective de refaire un week-end tournage dans le même cadre nous paraît presque une nécessité… en 2015, peut-être !   

L'équipe présente durant le week-end...

L'équipe présente durant le week-end...

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1 novembre 2014 6 01 /11 /novembre /2014 11:01

  Cela m'a valu une courte nuit mais ça y est, j'ai achevé le montage de mon court-métrage "Celle qui l'a vu", tourné fin août dans le cadre de notre association de cinéma amateur Travelling. Sa durée : 5 minutes et 40 secondes. Je reviens ainsi à du format très court mais ce qui est satisfaisant, c'est de voir à quel point j'ai pris plaisir à faire ce film, plus de 4 ans après mon dernier scénario personnel mis en images.

  Comme je le disais à mon copain David Delhoume, j'en suis même à me demander si je ne ferais pas, à l'occasion, un second film qui mettrait à nouveau en scène mes deux personnages féminins. Cindy et Sandra ayant été emballées par leur expérience (j'espère qu'elles le seront toujours quand elles auront vu le résultat !), je leur proposerais volontiers de rempiler.

  Pour l'instant disponible dans le cercle privé, je vous tiendrai au courant si le film est mis en ligne dans un proche avenir sur la toile.

 

Deux photogrammes directement tirés du court-métrage, Cindy Perrin en haut et Sandra Dufrenne en bas.
Deux photogrammes directement tirés du court-métrage, Cindy Perrin en haut et Sandra Dufrenne en bas.

Deux photogrammes directement tirés du court-métrage, Cindy Perrin en haut et Sandra Dufrenne en bas.

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29 août 2014 5 29 /08 /août /2014 23:18
Enfin un court-métrage !
Enfin un court-métrage !
Enfin un court-métrage !

  Cela faisait un bout de temps !

  Si j’ai cadré des films dont je n’étais pas réalisateur ces deux dernières années, si j’ai signé la mise en scène de deux ou trois bricoles (parfois collectivement avec les copains), je n’avais plus mis en images un scénario de mon cru depuis quatre ans.

  Comme notre association de cinéma amateur Travelling a lancé un nouveau « 24 Heures » le week-end dernier (le principe est d’écrire et tourner son film entre 19 heures le samedi et 19 heures le dimanche), j’y ai volontiers participé, vu que je n’étais a priori pas à la veille de me lancer dans un tournage de ma propre initiative (je n’ai pas le temps !).

  C’est ainsi que, muni d’une vague idée de départ qui me trottait dans la tête depuis quelques jours, je me suis plié à la phrase « thématique » imposée ainsi qu’à l’objet à placer obligatoirement dans le film.

  Après des rendez-vous manqués tous les deux, j’ai proposé à mon grand copain Bertrand Duris de développer l’histoire et d’écrire le scénario avec moi. L’affaire fut bouclée à 1 heure du matin !

  Le lendemain, je tournai mes images avec deux copines, Cindy Perrin et Sandra Dufrenne, toutes les deux volontaires et emballées par la journée. Il reste évidemment l’étape du montage à mener, déterminante.

  Quoi qu’il en soit, cela m’a fait du bien de « retoucher » à une caméra et je me suis éclaté à faire des plans comme je les aime, dans le coffre de la voiture, en train de marcher à vive allure pour suivre mes comédiennes, en plongée ou contre-plongée, au bord d’une rivière ou au beau milieu de la route… une très bonne journée, vraiment !

  Ci-dessus et ci-dessous, quelques photos du tournage, mes deux actrices, Cindy Perrin et Sandra Dufrenne, maquillage inclus, et une photo où je partage la vedette avec mon copain David Delhoume, lui aussi réalisateur...

Enfin un court-métrage !
Enfin un court-métrage !
Enfin un court-métrage !
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13 juillet 2014 7 13 /07 /juillet /2014 12:07

  Pur hasard, j’ai découvert cette semaine deux films avec la comédienne Scarlett Johansson. Ce n’est un secret pour personne autour de moi, la jeune actrice est à mes yeux l’incarnation d’un pur fantasme cinématographique. Si je ne l’ai pas toujours vue dans des films marquants, elle est souvent incroyablement belle et envoûtante, ce qui compense un jeu parfois décevant.

  Si le premier des deux longs-métrages visionnés ces derniers jours n’apporte pas grand-chose à la carrière de Scarlett, il a au moins le mérite de la montrer radieuse et complètement craquante. « Don Jon » ne vole pas haut, est finalement assez vulgaire et pas très drôle, mais la voix de l’actrice (vive la V.O. !) et sa plastique affolante m’ont maintenu éveillé.

  Beaucoup plus intéressante fut la découverte en salle du second film, l’étrange « Under the skin », qui frôle l’expérimental et est accompagné d’une bande-son entêtante et d’images fascinantes. Le tout marqué par l’omniprésence de Scarlett Johansson, brune, mal fagotée, quasi-muette (une sorte de négatif de son personnage dans « Don Jon », donc).

  Ces deux films, à l’opposé l’un de l’autre, tant d’un point de vue narratif qu’esthétique, ont au moins le mérite de mettre en valeur, de manière fort différente, une comédienne qui n’est pas que l’une des plus jolies femmes du moment. Car elle se révèle formidable dans le rôle de cet alien dont on ne sait rien, qui erre dans « Under the skin » tel un fantôme insaisissable… fantôme que l’on voudrait pourtant tous attraper, vu son apparence !

  Le film de Jonathan Glazer évoque pour certains le Stanley Kubrick de « 2001, l’odyssée de l’espace ». Sans en atteindre évidemment l’ampleur ni la perfection, on peut effectivement penser au Maître en se laissant bercer par les images de « Under the skin ». Dès les premiers plans, j’ai en tout cas eu conscience de rentrer dans une expérience visuelle et sensorielle rare au cinéma. Et je suis ressorti de la salle heureux. Je m’étais déplacé par curiosité tout d’abord, ensuite parce que Scarlett tenait le rôle principal. Au final, j’ai vu l’un des films les plus intéressants de ce premier semestre 2014.

La « semaine Scarlett »La « semaine Scarlett »
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25 mars 2014 2 25 /03 /mars /2014 10:07

  Il existe des films qui associent, curieusement, un moment agréable de dégustation gastronomique avec des scènes de tension assez extrême, parfois violentes, où la nourriture devient un moyen d’agresser un personnage.

  On ne sera pas surpris de découvrir chez des cinéastes comme Stanley Kubrick ou Quentin Tarantino des séquences difficiles à digérer au niveau de la violence. Pour précisément faciliter cette digestion laborieuse, certains nous assènent des moments plus légers, qui stimulent nos papilles. Je passerai rapidement sur les fameux dialogues du film « Pulp Fiction », de Tarantino, où des discussions entières sont consacrées aux hamburgers et à leur composition, tandis que les protagonistes, philosophes, s’apprêtent à tuer des pauvres types.

  Je préfère évoquer cette scène intense dans « Inglourious Basterds », du même Tarantino, interprétée par notre Mélanie Laurent nationale. Voici le topo : nous sommes en pleine France occupée, pendant la Seconde Guerre Mondiale, et la jeune femme, dont le personnage se prénomme Shosanna, se retrouve assise à la même table de restaurant que l’officier nazi Landa (joué par le remarquable Christoph Waltz), responsable de la mort de toute sa famille. Elle le reconnaît tandis que lui ignore les origines de son interlocutrice. A partir de cette situation se joue une séquence parfaitement orchestrée pendant laquelle la jeune Juive, de plus en plus terrifiée, finit par littéralement se pisser dessus, tandis que l’officier allemand déguste une part de gâteau, le Strudel. La tension ne cesse de monter, on craint que Landa ne démasque Shosanna… et Tarantino, de son côté, opte pour des gros plans du gâteau, suivis des bruits de mastication appuyés lorsque Landa mange sa part devant une jeune femme aussi stressée que le spectateur… il est amusant de constater qu’au début de leur rencontre, l’officier manifeste sa supériorité sur la jeune femme en insistant pour qu’elle mange du Strudel, en précisant qu’il faut « attendre la crème »… Shosanna n’a pas d’autre choix que de se plier aux exigences de Landa. On comprendra que sa part de gâteau passe mal, du coup.

PAIN DANS LA GUEULE & DOUCEURS CULINAIRES ou comment la bouffe devient une arme au cinéma

  Dans un contexte un peu différent, je pense à cette scène dans « Orange Mécanique », de Maître Kubrick, où l’on voit Malcolm McDowell qui se goinfre de spaghettis, tout en buvant du vin. Il finira la séquence avec la tête s’écrasant littéralement dans le plat de pâtes. Là encore, le personnage est victime de son interlocuteur : en effet, Alex (McDowell, donc) se retrouve face à l’homme – désormais handicapé – dont il a violé la femme, au début du film. Et manque de chance, Alex a été démasqué. Le repas offert se trouve ainsi être un piège dans lequel il tombe sans s’en rendre compte. Comme dans le film de Tarantino, le personnage en face d’Alex lui impose de boire son vin. Son comportement agressif ne laisse pas le choix au héros, qui ingurgite du même coup la drogue qui va le plonger dans l’inconscience. *

  Un troisième exemple me vient, provenant d’un titre-phare de la filmographie d’un de mes grands favoris. Dans « Rosemary’s Baby » de Roman Polanski, une séquence de dégustation de mousse au chocolat a des conséquences dramatiques pour l’héroïne Rosemary, interprétée par la fragile Mia Farrow. Au cours d’une soirée, la jeune femme et son époux mangent de la mousse au chocolat préparée par leur voisine. Or, là encore, la nourriture est droguée, puisque Rosemary fait un malaise, et pendant la nuit, elle va être victime d’un rêve traumatisant, probablement imprégné d’une part de réalité, comme nous le découvrirons plus loin dans le long-métrage. Dans ce nouveau cas de figure, il est intéressant de noter que le mari de Rosemary fait tout pour qu’elle mange cette fameuse mousse. Tout comme Landa et l’homme handicapé dans les films mentionnés précédemment, nous avons encore une fois un protagoniste qui « pousse à la consommation ». A ceci près que dans le film de Polanski, contrairement à celui de Kubrick, on ne sait pas à quel point le compagnon de Rosemary est complice.

  Arrêtons là le catalogue, je ne voudrais pas vous couper l’appétit… ceci dit, avant de vous enfiler un plat bien tentant, prenez garde à celui qui vous sert, et à ses intentions…

 

 * Pour l’anecdote, et puisqu’on est dans le sujet, je mentionnerai la légendaire scène coupée dans « Docteur Folamour », du même Kubrick, qui était placée initialement en fin de film, et qui montrait les protagonistes dans la War Room en train de se livrer à une gigantesque bataille de tartes à la crème.

PAIN DANS LA GUEULE & DOUCEURS CULINAIRES ou comment la bouffe devient une arme au cinéma
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