Après avoir proposé sur ce blog, il y a déjà un bon moment, une courte nouvelle inédite, je mets en ligne aujourd'hui le texte que j'ai écrit en mars 2013 et qui était destiné, à l'époque, au troisième numéro de notre gazette "Quartiers Pirates". Il aurait fait office d'édito, prenant ainsi la suite des textes d'un autre membre de l'équipe.
Comme ce numéro 3 n'est jamais sorti, le court récit qui suit est resté dans mes tiroirs. Cela me paraît amusant de le présenter aujourd'hui et je vous souhaite une agréable lecture !
Journal de bord
18 juin.
L’appel !
L’appel du large vient jusqu’à nous, nous pénètre jusqu’à la moelle !
Les beaux jours sont en train de revenir, ça nous met du cœur au ventre !
Après avoir passé l’hiver à nous prélasser sur des paillasses en poil de sanglier, en train de tripoter de la donzelle toute fraîche (et à -5° dehors, j’vous dis qu’ça, si elle était fraîche, la donzelle !), nous avons décidé de retourner à des activités plus lucratives.
Munis de nos sabres, nos cartes enroulées à la ceinture, nous avons repris notre exploration de la région. Tandis que nous regagnions notre vaisseau, quelle ne fut pas notre surprise de tomber sur un ramassis de coquins encapuchonnés – des moines – au détour d’un bois ! Comme ils nous regardèrent de travers au moment où nous passions près d’eux, il ne nous en a pas fallu plus. Dégainant nos sabres méchamment affûtés, nous les étripâmes sans hésiter, faisant gicler de fines tranches de chair imbibées du liquide rouge un peu épais que nous étions habitués à voir couler sous nos yeux.
Nous ne sûmes jamais à quelle caste appartenaient ces traîne-savates, toujours est-il que lorsque nous retroussâmes leurs tuniques, nous tombâmes sur des bourses bien remplies. Le butin était conséquent, et ce fut d’un commun accord avec mes compagnons de fortune que nous fîmes escale dans un coin perdu de cette étrange contrée où l’on quitte un étang pour en trouver un autre, la Brenne. Au passage, nous nous faisions bouffer par ces saloperies de moustiques qui venaient pomper notre sang comme nous avions pompé les doublons de nos victimes un peu plus tôt.
L’enseigne d’une auberge attira notre attention, les lumières de sa devanture venant se refléter sur la surface de l’eau. L’endroit semblait accueillant, même pour des canailles dans notre genre. C’est ainsi que nous larguâmes l’ancre qui vint s’enfoncer dans la vase du bord de l’étang.
Nous étions à La Gabrière.
Une fois installés autour d’une table, nous avons trinqué à la santé de nos involontaires bienfaiteurs – même si question santé, c’était un peu tard pour eux ! – puis le repas fut essentiellement marqué par une énorme tranche de viande rouge bien saignante qui fondit littéralement dans nos gosiers de pirates peu habitués à des mets aussi fins.
Nous sommes restés dormir à l’étage, l’auberge le permettant pour un prix attractif. Attractif, il l’était pourtant moins que les serveuses qui n’avaient eu de cesse de nous tourner autour toute la soirée. Peut-être avaient-elles senti les pièces dans nos poches, parce que ça ne devait pas être pour nos beaux yeux, toutes ces simagrées, vu les tronches patibulaires qu’on se trimballe…
Après une nuit où l’alcool et le foutre se mêlèrent à n’en plus finir, nous avons repris la route, prêts à affronter de nouvelles aventures…