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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 11:06
"MUNICH" ou l’étrange scène du réalisateur Spielberg

  De nombreuses séquences de films ont tourné dans ma tête pour aborder Une scène érotique au cinéma : des ambiances feutrées et sublimes de « Eyes Wide Shut » de Stanley Kubrick en passant par la fameuse scène signée David Lynch dans « Mulholland Drive », avec les superbes Naomi Watts (la blonde) et Laura Elena Harring (la brune) – qui a émoustillé plus d’un spectateur ! On pourrait citer encore toutes les apparitions de Marilyn Monroe dans « Niagara », chargées à chaque fois d’une sensualité folle. « Le mari de la coiffeuse » de Patrice Leconte est un autre bel exemple, sobre, du traitement de l’érotisme au cinéma. Mais dans ce dernier cas, il faudrait évoquer l’ensemble du film et non un passage.

  Après réflexion, c’est finalement dans la filmographie de Steven Spielberg que je suis allé piocher quelque chose d’insolite pour traiter d’une scène érotique. Ce n’est pas un érotisme au sens premier du terme dont il est d’ailleurs question, je voudrais insister sur son caractère étrange et inattendu, à plus d’un titre.

  Réalisateur de 28 longs-métrages à ce jour, Spielberg n’a jamais abordé la nudité de front. Si l’on excepte une baigneuse au début des « Dents de la mer », dont on distingue à peine l’anatomie puisqu’il fait nuit, le cinéaste n’a jamais pris la peine de déshabiller ses personnages.

  Chez Spielberg, on ne fait pas l’amour. Tout au plus s’embrasse-t-on, parfois avec fougue. Comme quoi on peut bâtir une carrière passionnante en laissant totalement de côté l’érotisme, pourtant devenu monnaie courante au cinéma.

  « Munich », sorti en 2005, fait curieusement exception à la règle. Pour commencer, vu le sujet du film, on n’aurait pas forcément imaginé y voir une femme nue. Rappelons que Spielberg s’attache dans ce long-métrage à retracer les événements qui ont découlé de la prise d’otages (et de la mort) d’athlètes israéliens, au moment des Jeux Olympiques de 1972, à Munich. Le tout orchestré par l’organisation terroriste palestinienne Septembre Noir. Le Mossad a ensuite organisé des représailles en traquant les responsables du massacre. C’est cette dernière partie que traite le film.

  Or, dans le déroulement des événements intervient une femme, fort séduisante – interprétée par Marie-Josée Croze, ceci expliquant cela – qui charme l’un des hommes de l’équipe du Mossad et l’assassine.

  Les compagnons du défunt vont le venger en retrouvant la tueuse et en l’abattant froidement : lorsqu’ils arrivent chez elle, la femme est vêtue d’un peignoir léger et va tenter de les amadouer en dévoilant sa poitrine (vaine scène de séduction, en décalage avec la situation, tout comme la séquence qui se révèle franchement à part dans le film).

  Munis de sarbacanes lâchant des projectiles meurtriers, les hommes tirent sur elle à plusieurs reprises.

  La mise à mort de ce personnage mystérieux a quelque chose de froid : cette incursion dans la nudité féminine ne s’arrête d’ailleurs pas là. Lorsque les hommes l’achèvent, Marie-Josée Croze finit dans un fauteuil, entièrement nue, le peignoir ouvert. La jeune femme s’étouffe avec son propre sang avant d’être abattue d’un dernier projectile dans la tête. Lorsque nous avons un plan plus large qui nous montre la comédienne, le sang s’échappant de ses blessures a déjà recouvert une partie de son corps. Comme si le cinéaste s’était empressé de dissimuler ce qu’il ne nous avait encore jamais dévoilé franchement dans l’un de ses films (même les meurtriers de la jeune femme ne sont pas d’accord sur le fait de laisser ou non le corps exposé aux regards).

  « Munich » nous propose donc la seule « vraie » scène déshabillée du cinéma spielbergien, scène mêlant Eros et Thanatos, comme cela arrive souvent dans les tragédies, mais le tout servi ici de façon insolite. Car malgré la nudité et le physique particulièrement agréable de la comédienne, on ne ressort pas spécialement excité de cette séquence. C’est plutôt un malaise qui s’est installé chez le spectateur.

  Ajoutons d’ailleurs que c’est dans ce même film que Spielberg nous montre un couple en train de faire l’amour au lit, dans deux scènes distinctes. Mais contrairement à la séquence précédemment décortiquée, aucun des deux protagonistes ne se retrouve nu devant la caméra (en tout cas, de manière aussi frontale). Il faut cependant noter une chose : si ces scènes sont en soi très classiques dans le cinéma en général, elles revêtent un caractère exceptionnel dans l’œuvre de Steven Spielberg (le montage de la seconde séquence au lit n’a d’ailleurs rien de traditionnel – je vous laisse juger par vous-même).

 

D. V.

Article initialement publié en octobre 2013 dans le Mook de l'association TravellingArticle initialement publié en octobre 2013 dans le Mook de l'association Travelling

Article initialement publié en octobre 2013 dans le Mook de l'association Travelling

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commentaires

D
"Munich" méritent passé du temps sur elle. Le film vous donne de la nourriture pour la pensée. Si pour une raison quelconque absente de la planète Terre dure cent ans, que Mr. Spielberg vous dira à travers ce film histoire intéressante. J'étais aussi heureux de voir dans le film de mon préféré Ciarán Hinds - il est également très bon au film "Closed Circuit" ( http://filmstream.co/928-closed-circuit-2013.html ). Je conseille.
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