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12 novembre 2017 7 12 /11 /novembre /2017 19:47

  Le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, "Barry Lyndon", film historique ultime selon moi, sera présenté en salle, mardi 14 novembre prochain, à 20 heures 30, au Cinemovida de Châteauroux. J'aurai l'honneur de présenter le film et une discussion sera possible en fin de séance.

  Avis aux amateurs !

Barry Lyndon en salle à Châteauroux
Barry Lyndon en salle à Châteauroux
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28 octobre 2017 6 28 /10 /octobre /2017 09:21

  Les quatre premières émissions de "Format Respecté", que nous enregistrons avec les copains Antoine Royer et William Etiève, sont disponibles en podcast sur le site ci-dessous :

 

  http://balistiq.fr/podcasts.php

 

  Je rappelle que nous diffusons tous les 15 jours, le dimanche, de 11 h à 12 h...

  Au menu, des portraits, des jeux autour d'un film, un dico, des séries télé, des coups de gueule... il y en a pour tous les goûts !

 

Format Respecté : les premiers podcasts
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18 février 2017 6 18 /02 /février /2017 19:16
GRAVE de Julia Ducournau
GRAVE de Julia Ducournau

  Découvert en avant-première en salle, ce film écrit et signé par Julia Ducournau remplit son contrat : vendu comme une œuvre comportant son lot de scènes gores, on en a pour son argent. « Grave » est cependant un produit hybride, assez difficile à classer : pas vraiment un film d’horreur, pas non plus un long-métrage fantastique dans le sens strict du terme, il utilise quelques codes propres au thriller, sans s’en rapprocher plus que ça…

  La réalisatrice livre un premier film qui n’oublie pas de citer quelques références incontournables (« Carrie », « La nuit des morts-vivants »), sans pour autant insister dessus ou les copier bêtement : elle met en scène son histoire, prenant le temps d’exposer certaines situations, de faire durer certains plans, jusque dans de brèves échappées oniriques et symboliques qui ne déplairaient probablement pas à un David Lynch. Même les scènes sanglantes sont filmées sans esbroufe, avec une froideur qui peut parfois mettre mal à l’aise. Le film aborde de toute manière des thématiques « casse-gueule » (perte de la virginité, cannibalisme, les deux s’entremêlant d’ailleurs dans une scène superbe où l’héroïne fait l’amour avec son colocataire gay) mais sans tomber dans le graveleux. Alors oui, des passages peuvent indisposer le spectateur non averti (ce qui n’a pas manqué d’arriver durant la séance) mais pour l’amateur de film de genre, il y a moyen d’y trouver largement son compte.

  Sans miser sur l’action ou une tension de tous les instants, le long-métrage défile sous nos yeux et, pour peu qu’on se laisse embarquer, l’expérience vaut le détour : le jeu des comédiens, convaincant, renforce la crédibilité d’une intrigue qui est souvent sur le fil du rasoir. On ne tombe jamais dans le ridicule et, si bien des sentiments nous assaillent durant la projection, on se prend malgré tout d’affection pour le personnage interprété par Garance Marillier.

  S’il est difficile de conseiller un tel film autour de soi, je retiens pour ma part le nom de Julia Ducournau, impatient de suivre la suite de sa carrière. "Grave" prouve que le cinéma de genre n'est pas mort en France. Et rien que ça, c'est précieux !

GRAVE de Julia Ducournau
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12 décembre 2016 1 12 /12 /décembre /2016 10:31
Pulp Movies #3 : Body Double

Réalisation : Brian De Palma

Scénario : Robert J. Avrech et Brian De Palma, d’après une histoire de B. De Palma

Distribution : Craig Wasson, Melanie Griffith, Deborah Shelton, Gregg Henry

Thriller / 1984 / Etats-Unis

Durée : 1 h 50

 

 

  Jake Scully, acteur malchanceux, se fait dépanner par un ami qui lui offre l’hospitalité… et un spectacle charmant : l’une de ses voisines se livre à une danse érotique envoûtante. Le problème est que d’autres individus, pour le moins étranges, semblent observer la demoiselle…

 

  Brian De Palma n’est plus un débutant lorsqu’il se lance dans ce projet de film : il a déjà derrière lui plus de quinze ans de carrière et presque autant de longs-métrages à son actif. Virtuose de la caméra, le réalisateur est connu pour placer dans ses histoires des thématiques fortes et récurrentes. Il rend également hommage, régulièrement, au cinéma d’Alfred Hitchcock. Ainsi, des titres comme « Obsession » et « Pulsions » témoignent d’une grande admiration pour le Maître du suspense. « Body Double », peut-être pour la dernière fois dans la filmographie du brillant De Palma, va citer ‘Hitch’ de manière appuyée : il se réapproprie ainsi des éléments essentiels des deux chefs-d’œuvre que sont « Fenêtre sur cour » et « Vertigo ». Dans un scénario malicieux filmé comme une série B de luxe, il mêle voyeurisme, érotisme, suspense, violence graphique et romance, le tout s’entremêlant avec un grand savoir-faire.

  Dans les deux films d’Hitchcock précités, l’acteur James Stewart était d’un côté voyeur et de l’autre acrophobe. Le héros de « Body Double » cumule les deux (étant plutôt claustrophobe), ce qui l’entraîne précisément dans la spirale infernale qui rappelle la machination de « Vertigo » jusque dans ses développements et, dans un certain sens, son dénouement. Mais peu importe que l’on devine le « truc » avant la fin, peu importe la scène outrancièrement romantique au beau milieu du film (elle est d’ailleurs filmée de manière tellement too much, accompagnée d’une musique de circonstance, que le cinéaste souligne ainsi son caractère impossible et décalé). Ce qui compte dans « Body Double », ce n’est pas tant l’intrigue – même s’il y en a une, et pas mal ficelée qui plus est – que la richesse du spectacle : tout d’abord, dès la scène d’ouverture, nous assistons à une mise en abyme du cinéma lui-même. La séquence plonge le spectateur dans un film d’horreur : il s’agit en fait d’un tournage. Cela trouvera un écho en fin de long-métrage avec la scène qui défile en même temps que le générique. De Palma donne une vraie dimension de série B à son film pour mieux en exploser les conventions tout au long du récit : et si nous avons droit à un meurtre digne du giallo façon années 70, on retrouve aussi quelques purs moments de suspense hitchcockien parfaitement maîtrisés (et toujours prodigieusement filmés !).

  On aurait cependant tort de penser que De Palma n’accouche que d’une pâle copie de son aîné : il exploite un peu plus les dimensions de l’érotisme et de la violence (l’époque n’est pas la même non plus !) tout en revisitant sa propre filmographie comme s’il avait décidé de faire un digest de sa carrière. Et lorsqu’on regarde ses films suivants (« Wise Guys », « Les Incorruptibles », « Outrages »), on réalise à quel point son cinéma se tourne alors vers d’autres cieux : la comédie, les films de gangsters et de guerre.

 

  Si « Body Double » n’est pas la plus connue des œuvres de Brian De Palma, elle a le mérite d’être représentative de son cinéma des années 70-80. Ne reposant sur la présence d’aucune grande star (Melanie Griffith était encore peu connue à l’époque), le film mérite d’être redécouvert, d’autant qu’il est récemment ressorti en blu-ray dans une version restaurée. Il serait dommage de s’en priver.

Pulp Movies #3 : Body Double
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30 octobre 2016 7 30 /10 /octobre /2016 19:07
Pulp Movies #2 : Le Chien des Baskerville

Réalisation : Terence Fisher

Scénario : Peter Bryan, d’après le roman d’Arthur Conan Doyle

Distribution : Peter Cushing, Andre Morell, Christopher Lee

Policier / 1959 / Grande-Bretagne

Durée : 1 h 23

 

 

  Une terrible malédiction frappe depuis des siècles la famille Baskerville : un monstrueux chien hante la lande autour du manoir familial.

  Le docteur Mortimer soumet l’affaire à Sherlock Holmes et son fidèle ami Watson. Ce dernier se rend sur les lieux, en compagnie du dernier représentant des Baskerville, Sir Henry.

 

  Cette adaptation de l’aventure la plus connue de Sherlock Holmes n’est pas la première. Cela n’a pas été la dernière non plus, mais elle a marqué les esprits et on la cite, à juste titre, comme l’une des meilleures. Il faut dire que la trame globale est respectée, avec quelques modifications qui ne nuisent jamais au déroulement de l’intrigue. Au contraire, le film, plutôt court, est mené à un rythme soutenu et des artistes de talent assurent la qualité de l’ensemble. Le long-métrage est réalisé par Terence Fisher, qui s’illustrera à plusieurs reprises dans le cinéma fantastique. Les deux comédiens habitués aux productions de la firme britannique Hammer (comme c’est ici le cas), Peter Cushing et Christopher Lee, jouent respectivement Sherlock Holmes et Sir Henry Baskerville. À eux seuls, ils apportent un ingrédient indispensable à l’alchimie de ce type de films avec leur interprétation caractéristique et leur physique devenu emblématique du cinéma de genre de l’époque.

  On retrouve également ici l’élément érotique, fréquent dans les productions Hammer. Comme l’histoire ne se prêtait guère à des excès dans ce domaine, nous ne croisons que deux personnages féminins (le premier n’apparaissant même que dans la scène d’ouverture) : les actrices sont mises en valeur dans des robes qui laissent deviner des courbes charmantes… le tout restant très sage, bien évidemment. 

  « Le Chien des Baskerville » est également composé de nombreux éléments indissociables de l’univers de Sherlock Holmes : entre l’appartement chargé du 221b Baker Street et le décor brumeux de la lande, la panoplie vestimentaire du célèbre détective et son « Élémentaire, mon cher Watson » qui conclut le film, nous sommes en terrain connu.

  Les décors et la photographie du long-métrage ont un charme fou et la séquence d’ouverture donne le ton : dans une scène costumée aux couleurs chaleureuses, la malédiction s’installe dans les lieux que nous fréquenterons pendant une bonne partie de l’intrigue. Là encore, la Hammer s’illustra régulièrement dans des films d’époque où photographie travaillée, costumes et décors gothiques offraient une vraie richesse visuelle à l’ensemble. 

  On peut évidemment regretter un final assez peu spectaculaire lors de l’affrontement du « Monstre » sur la lande mais ce serait oublier un peu vite que les productions Hammer fonctionnaient en grande partie grâce au côté artisanal de leurs effets. L’ambiance à elle seule est souvent suffisante pour se replonger avec plaisir dans ses œuvres qui, encore aujourd’hui, sont des références pour les amateurs de cinéma fantastique.

  Peter Cushing joua plusieurs fois le rôle de Sherlock Holmes : on se rappellera surtout des quelques épisodes tournés en couleurs pour la BBC, fort réussis (ne sont hélas parvenus jusqu’à nous que cinq épisodes, les autres étant a priori perdus !). Les holmésiens citent souvent le comédien, aux côtés de l’immense Jeremy Brett, comme l’un des meilleurs Sherlock Holmes du grand comme du petit écran.   

  Christopher Lee ne sera pas en reste, interprétant lui aussi plusieurs fois par la suite le personnage créé par Conan Doyle.   

  Un DVD de qualité honorable existe chez nous, ne proposant en revanche que le film et sa bande-annonce.

  Quoi qu’il en soit, voilà le genre de pépite que l’on revoit avec un indéniable plaisir durant un après-midi pluvieux, confortablement calé dans son canapé !

Pulp Movies #2 : Le Chien des Baskerville
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11 septembre 2016 7 11 /09 /septembre /2016 11:53
Pulp Movies #1 : LE CORPS ET LE FOUET

Réalisation : Mario Bava

Scénario : Ernesto Gastaldi, Ugo Guerra, Luciano Martino

Distribution : Daliah Lavi, Christopher Lee, Tony Kendall

Fantastique / 1963 / Italie /

Durée : 1 h 23

 

 

  Nous ne savons ni à quelle époque nous sommes (19e siècle ?), ni dans quel pays… sous forme de huis-clos dans un grand manoir isolé, deux membres d’une même famille, Kurt et sa belle-sœur Nevenka, entretiennent des rapports sadomasochistes.

  Lorsque Kurt est mystérieusement assassiné, Nevenka continue d’être harcelée par son fantôme…

 

  Mario Bava fait clairement partie des Maîtres du cinéma de genre italien. Il a posé les bases de ce qui allait devenir le « giallo » avec plusieurs de ses films (« Six femmes pour l’assassin » reste un chef-d’œuvre du genre) et a laissé au sein du paysage fantastique quelques perles dont « Le Corps et le Fouet » fait indéniablement partie.

  Si on se place dans le contexte de l’époque, le film est d’une audace folle. Certes, aucune nudité à l’écran (cela demeure encore compliqué dans les années 60) mais des scènes de sadomasochisme ponctuent l’œuvre, filmées frontalement : Christopher Lee (grande figure du cinéma fantastique disparue en 2015) s’en prend à la belle Daliah Lavi, cette dernière finissant par prendre un évident plaisir à se faire fouetter.

  Utilisant des codes appartenant aussi bien au policier qu’au fantastique (le scénario oscille entre les deux à plusieurs reprises), le cinéaste met tout son talent au service de ce film qui bénéficie d’une photo à tomber par terre. On le sait, Bava, qui était également un chef-opérateur doué, avait un immense savoir-faire pour créer des ambiances tour à tour gothiques, terrifiantes et colorées. La palette de couleurs utilisée dans le film est splendide et on se rend compte, dans certains plans d’ensemble, du travail colossal fourni. Rien n’a été laissé au hasard, jusqu’aux mouvements de caméra assurant au long-métrage, par ailleurs emprunt d’une certaine lenteur (et parfois peu de dialogues), une dynamique qui permet au spectateur de ne jamais s’ennuyer.

 

  Mario Bava a très vite imposé l’une de ses marques de fabrique : si certains des scénarios qu’il a mis en scène tout au long de sa carrière étaient on ne peut plus rationnels, il a presque toujours donné un caractère surnaturel à ses ambiances à travers son traitement des couleurs et ses éclairages expressionnistes.

  Quand on regarde « Le Corps et le Fouet », on pense assurément aux films de la Hammer, cette société de production britannique qui connaît son âge d’or à la même époque (coïncidence, le comédien Christopher Lee est, avec l’extraordinaire Peter Cushing, la tête d’affiche récurrente des films de la compagnie). On ne peut pas manquer d’évoquer également les longs-métrages de Roger Corman qui sortent dans les mêmes années et adaptent pour certains des récits d’Edgar Allan Poe. En terme d’esthétique (photo, personnages en costumes, manoir sombre et isolé) et de thèmes traités (la mort, les revenants, une ambiance érotique sous-jacente), l’œuvre de Mario Bava est complètement cohérente avec ce courant du cinéma de genre de l’époque. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le cinéaste se frotte à un tel projet : « Le Masque du Démon », en 1960, posait déjà les bases d’une bonne partie de son œuvre.

  « Le Corps et le Fouet » existe en France dans une version DVD où la fabuleuse photo du film est plutôt bien rendue. Ne soyez pas surpris par le générique du début où les artistes (Bava en tête) voient leur vrai nom remplacé par un pseudo. C’est ainsi que le réalisateur devient John M. Old. Pour le marché américain, le long-métrage a en effet été remonté et retitré (vive la censure !). L’édition disponible chez nous propose – heureusement – la version intégrale du film.

Pulp Movies #1 : LE CORPS ET LE FOUET
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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 11:55
Les escaliers dans la série des "Harry Potter"...

Les escaliers dans la série des "Harry Potter"...

  Il est des choses auxquelles on ne prête même plus attention tellement il est devenu banal de les croiser dans un film. Non, je ne parlerai pas ici de la tasse de café (encore que son utilisation dans « Usual Suspects » mérite le détour) ou du clavier d’ordinateur, mais de… l’escalier (il faut suivre !).

  Ce dernier est un élément qui a souvent été utilisé de façon significative au cinéma, et ce depuis longtemps. Régulièrement, dans certains films, l’escalier est un passage obligé vers un lieu qui attire inexorablement le héros. Des personnages ne font que passer, arpentant rapidement les marches, d’autres vivent des scènes incroyables en plein milieu de leur ascension. Voici quelques propositions de titres (absolument pas exhaustives) en guise d’illustrations…

 

  Difficile de faire l’impasse, pour commencer, sur le film d’Eisenstein, « Le cuirassé Potemkine », sorti en 1926 chez nous. Cette œuvre influencera jusqu’au brillant De Palma avec son long-métrage « Les Incorruptibles » (1987) : dans une séquence aux ralentis et au suspense savamment dosés, le réalisateur nous rejoue la scène, signant un morceau de bravoure visuel comme il en a le secret. Le landau qui descend chaque marche l’une après l’autre, tandis que la fusillade menée par Kevin Costner éclate tout autour… autant d’images que le cinéphile garde précieusement en mémoire.

  En 1980, Stanley Kubrick utilisait à sa manière l’un des immenses escaliers de l’hôtel « Overlook » dans « The Shining », à l’occasion d’une séquence de terreur pure où un Jack Nicholson complètement déglingué s’en prend à sa femme. La scène est un subtil mélange de lenteur (les acteurs évoluent tout d’abord dans l’immense pièce de l’hôtel puis dans le grand escalier, à pas lents) et de brutalité (entre les propos menaçants du mari et les grands gestes que fait sa femme pour le faire reculer, armée d’une batte de base-ball).

 

  Petit bond en arrière, au cœur du cinéma classique, avec Alfred Hitchcock, qui a su se servir de nombreux ingrédients pour alimenter sa « sauce suspense ». Bon nombre de tensions et de drames se jouent au fil de la cinquantaine de longs-métrages du grand Hitch, où l’escalier tient une place de choix et on pourrait citer une longue liste d’exemples.

  Morceaux choisis : dans son plus beau film, « Vertigo », les marches menant au clocher deviennent pour le personnage principal une source d’angoisse incontrôlable. Cet escalier, d’aspect sinistre, il n’en verra jamais le bout, frappé de vertige, et cela changera sa vie pour toujours (je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler cette œuvre absolument sublime).

  Dans les autres titres bien connus du Maître, qu’on se souvienne de « Psychose » et de sa terrifiante demeure : entre une victime qui dégringole les marches à reculons après avoir été attaquée et une femme qui descend l’escalier menant à la cave, ne se doutant pas qu’elle va avoir le choc de sa vie une fois arrivée en bas.

  Dans « Frenzy », l’assassin accompagne sa victime, montant l’escalier qui mène à l’appartement de la Mort. On se rappellera de ce plan-séquence où la caméra redescend ensuite les marches pour se retrouver dehors, finissant en plan large sur la façade derrière les fenêtres de laquelle on sait qu’un drame est en train de se jouer.

  Quelques années plus tôt dans sa carrière, Hitchcock se servait de l’escalier dans le hall d’entrée du « Crime était presque parfait » comme cachette pour la clé de l’énigme. Du grand art.

  Le maître du suspense a toujours eu l’esprit foisonnant d’idées dans tous les domaines : il est à ce titre normal de le retrouver en tête des noms cités dès que l’on aborde un thème particulier au cinéma, comme nous le faisons dans ces pages. Bien entendu, je conseille au lecteur de revoir la plupart des films de Sir Alfred. Au-delà du fait qu’il a rarement loupé son coup, vous pourrez découvrir d’autres exemples illustrant le sujet qui nous intéresse ici… jusque dans le titre « Les 39 marches »…

 

  Restons un moment dans le cinéma classique, celui des années 50, et ajoutons une touche sexy à notre propos, avec la comédie signée Billy Wilder, « Sept ans de réflexion ». La démarche de Marilyn Monroe faisait déjà des ravages dans « Niagara », mais que dire de ses ascensions d’escalier dans ce long-métrage mondialement connu surtout pour la séquence de la robe blanche de la star se soulevant au-dessus de la bouche de métro ? Non pas que la comédienne ait besoin de monter des marches pour être renversante mais il faut avouer que le réalisateur, avec ce film très réussi, signe des plans inoubliables de Marilyn, dont la manière de se déplacer, d’une sensualité peu commune, reste un plaisir absolu pour les yeux.

 

  Du côté du cinéma de genre, le fantastique n’est pas en reste : nous avons évoqué plus haut le film de Kubrick, mais un autre classique de l’épouvante nous offre une scène impressionnante : « L’exorciste » de William Friedkin. La séquence en question, c’est lorsque l’enfant, interprétée par Linda Blair, descend l’escalier chez elle, complètement possédée, le corps à l’envers (on dirait une araignée humaine). La fin du film montre également le corps du prêtre qui s’est tué en s’écrasant sur des marches.

  Un autre film utilise astucieusement l’escalier d’une maison hantée pour provoquer la trouille chez le spectateur : « The Grudge », remake américain d’un film japonais, signé Takashi Shimizu. Les événements funestes qui ont déclenché la malédiction frappant tous ceux qui rentrent dans la demeure ont eu lieu au premier étage. On sait donc que, à partir du moment où l’un des personnages s’aventure sur les premières marches, poussé par la curiosité de voir ce qu’il y a en haut, il ne peut rien lui arriver de bon (les séquences horrifiques sont plutôt réussies dans le genre). En cela, l’escalier tortueux de « The Grudge » est un excellent vecteur d’angoisse et de suspense tout au long du film. Les plans en contre-plongée mettent particulièrement en valeur cette tension palpable dès qu’un bruit vient de l’étage ou qu’un fantôme apparaît au coin de l’écran. Et une mort violente est promise à ceux qui parviennent en haut des marches.

  Enfin, histoire de finir sur une note plus sympathique, rappelons une utilisation originale et pratique des multiples escaliers amovibles et pivotants au sein du château de Poudlard, dans la série de longs-métrages des « Harry Potter ».

 

  L’anecdote est connue, celle qui dévoile qu’Alfred Hitchcock (encore lui !) avait comme projet de tourner intégralement un film dans une cabine téléphonique (ce qui a presque été fait avec le long-métrage « Phone Game », il y a quelques années). Il pourrait être intéressant de lancer le même concept avec unité de temps, de lieu et d’action dans un escalier. Je n’ai pas vu de film respectant cette contrainte, je ne suis pas certain qu’il en existe… voilà peut-être une idée de scénario à creuser…

 

 

"Les Incorruptibles" de Brian De Palma et "L'Exorciste" de William Friedkin
"Les Incorruptibles" de Brian De Palma et "L'Exorciste" de William Friedkin

"Les Incorruptibles" de Brian De Palma et "L'Exorciste" de William Friedkin

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24 novembre 2015 2 24 /11 /novembre /2015 20:32
Byzantium

  Une bien belle surprise que ce "Byzantium", réalisé par Neil Jordan. Ce dernier avait signé ce que je considère comme l'un des sommets du film de vampires, "Entretien avec un vampire" (dont j'ai déjà parlé sur ce blog). Il revient au genre avec ce long-métrage qui est passé relativement inaperçu. Et c'est bien dommage.

  Reprenant certains éléments de son précédent film (protagoniste principal comme narrateur, duo de personnages ayant une relation fusionnelle et se cachant du monde extérieur, une partie du récit construite en flash-back), Jordan livre ici une histoire qui prend régulièrement le contre-pied de tout ce que l'on croyait savoir sur les vampires : dans "Byzantium", ils ne volent pas, se déplaçant normalement, vivent le jour, se regardent dans les miroirs...

  Visuellement, on est clairement dans du cinéma d'auteur tant le réalisateur se dédouane du caractère spectaculaire souvent associé au genre fantastique. La photo, froide, colle parfaitement au sujet. Cela n'empêche cependant pas le film d'être d'une grande beauté formelle (en témoignent les visuels accompagnant cette chronique), entre les scènes historiques, somptueuses, la cascade d'eau devenant rouge sang et une musique envoûtante accompagnant le tout...

  Enfin, les deux actrices sont formidables, en plus d'être, chacune dans son genre, très jolies.

ByzantiumByzantium
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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 17:44

  En fouillant dans mes archives, je suis tombé sur des photos de tournage datant de 2004, 2005 et 2006. Cela me rappelle bien des moments agréables, entre écriture et réalisations qui s'enchaînaient à un rythme soutenu, à cette époque !

  Ci-dessous, avec Aurore Germain, Marlène Aubailly, Marie Reviron, Bertrand Duris, Mickaël Guny, Thomas Hohn, David et Corinne Delaigue.

Souvenirs, souvenirs...Souvenirs, souvenirs...
Souvenirs, souvenirs...Souvenirs, souvenirs...
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13 septembre 2015 7 13 /09 /septembre /2015 10:23

  J’ai revu récemment le dernier film des Monty Python, « Le Sens de la Vie », et c’est avec plaisir que j’ai savouré pour la énième fois cette fameuse scène au restaurant, hilarante, comme tant d’autres passages du film. Et si elle s’avère peu raffinée, elle ne manque en tout cas pas de sel.

  Un homme difforme, aussi grand que large, pénètre dans un grand restaurant gastronomique, et se fait servir une orgie de bouffe, par un John Cleese comme d’habitude irrésistible de flegme et de drôlerie. Le repas est accompagné d’un seau, qui permet à l’obèse de vomir au fur et à mesure qu’il ingurgite les mets. La scène monte en puissance, c’est un festival de gerbe, entre le personnel qui se fait arroser (l’obèse vise mal) et les clients des tables voisines (tout en smoking et robe de soirée) qui se répandent eux aussi dans leurs assiettes, dégoûtés par le spectacle qui s’offre à eux…

  Rarement une scène aura été aussi loin dans l’horreur gastronomique au cinéma (sauf peut-être Pasolini avec son film « Salo ou les 120 journées de Sodome ») : en effet, à la fin de la séquence, le personnage de Cleese propose un carré de chocolat à l’obèse, et après l’avoir avalé, il éclatera littéralement, se retrouvant les tripes à l’air, les côtes en avant, les autres clients vomissant à tour de bras, laissant une vision d’horreur au spectateur, ébahi par ce déferlement de mauvais goût.

  Bon appétit !

 

(Texte initialement publié dans le fanzine de l’association Travelling).

MONTY PYTHON : LE SENS DU VOMI
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